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Textes choisis
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L’île manquante
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La translation divine
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La Commune
de Pierreporteuse
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Lʼétrangleur
—
Guérison par le sommeil
—
Évanoui(e)
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Projets
—
Portraits
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Autres parutions
—
Indigo
Libération
The Oxonian Review
Periódico de Poesía
Lundimatin
Pluésie
etc.
À propos
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Bio
Je suis né·e sur un volcan de lʼocéan Indien. Aujourdʼhui, jʼhabite la ville de Marseille, près d'une abbaye et de la mer. Jʼécris de la poésie, des fictions et du théâtre, souvent avec d'autres artistes. Il mʼarrive de marcher un ou plusieurs mois par an dans les forêts de la Réunion. Le reste du temps, je suis connecté·e à lʼîle par la mémoire et le voisinage de mes ancêtres.
***
Parcours
Jʼai fait des études de lettres dans les universités dʼAix-Marseille, dʼOttawa et de Paris. Jʼy ai appris des récits, quelques langues et des éléments de sciences sociales. Ces dernières disciplines ont façonné lʼancrage de ma propre écriture dans le Tout-Monde. Mes travaux de recherche sont enrichis par des arpentages désordonnés dans des espaces plus ou moins confidentiels : rivières et cours dʼeau mnésiques, sous-bois lesbiens, temples de fortune... À lʼoccasion, je filme ou je photographie quelques-unes de ces excursions avec lʼidée de constituer, peu à peu, un ensemble dʼarchives secrètes de mon île natale.
***
Jʼai observé souvent, en me penchant au-dessus dʼune carte du monde, lʼabsence de mon île. Mon œil imitait un trajet volatile quittant la baie de Marseille et descendant lʼimmense continent jusquʼà lʼarchipel des Mascareignes. Là, cependant, alors que lʼîle Maurice figurait le plus souvent, comme tendue vers ce sous-continent indien dont jʼai tant entendu parler, je ne retrouvai pas la Réunion. Les cartes anonymes (pensai-je) perpétuaient une impression bleue, sans trace ni indice particulier du lieu de naissance. Ma famille était absente de la carte du monde, noyée quelque part dans lʼocéan, tout comme la langue que nous partagions et dont les livres dʼécole ne parlaient quʼavec dédain.
Cette expérience sʼest répétée un grand nombre de fois, dans des villes ou des pays différents. Plus tard, à lʼétranger, on me demanderait dans une école ou une auberge de jeunesse de pointer du doigt le bout de terre où je suis née et qui nʼapparaissait pas. Je montrerais un point imaginaire au sud-est de lʼAfrique.
Ce nʼétait pas pure fantaisie de ma part que de lier cette absence à lʼinclinaison des archives à ne faire voir que ce à quoi elles accordent crédit de valeur. Si la Grande Île de Madagascar ne pouvait être diminuée sur le planisphère, une certaine présence malgache, elle, avait bien été amoindrie par la non-figuration de la Réunion. Je rappelais souvent à ma mémoire l'invisible Bourbon, où le marronnage prit la forme de royaumes à la mémoire éparpillée dans les montagnes : cirque de Tsilaosa, piton dʼAnchaing, forêt du Tapcal... Le châtiment de disparition était donc décuplé : ne figuraient sur cette mappemonde choisie ni les Malgaches, ni lʼensemble des sillons africains, asiatiques et européens formant le peuple réunionnais. Lʼîle manquante absorbée par les eaux effaçait aussi quelques pans de lʼhistoire des continents.
Il est vrai cependant que cette absence marquait aussi, avec de plus en plus d'évidence, la possibilité de devenir fantôme selon le modèle des ancêtres. Si je nʼétais pas cartographiée, si les registres du monde ne marquaient pas ma naissance ni le parcours de ma généalogie, je pouvais alors assumer toute résidence dans le plus pur anonymat. En tant que non-affiliée, il m'était possible de me prévaloir dʼune sorte de virginité territoriale absolue ou, à l'inverse, d'habiter toute lande, sans nostalgie de l'arrière-pays. En vérité, mon rapport aux territoires était crypté. Le séjour terrestre sʼoffrait à moi avec une qualité d'apparition et de disparition rare. On ne connaissait pas mes ravines, ni le nom de mes pitons. Les croisées où j'abordais ne murmuraient pas leur nom aisément. Les paysages effacés avaient retourné abruptement leur silence imposé en conservatoire de secrets. Tel pic ou telle forêt délivrait une partie de son mystère par la consonance malgache. Les mémoires étaient closes comme des portes de protection. Si je voyais, parfois, un morceau de mémoire se détacher d'un tronc de jacquier ou de la racine immense d'un banyan, c'est que j'étais à mon tour esprit ubique, âme nomade. Promise peut-être à l'arpentage, me disais-je en contemplant cet océan que l'on disait des Indes ●
Hier encore, j’ai été visitée. La fin du travail m’avait rendue au monde, j’étais assise sur un banc ombragé par un grand latanier rouge et j’assistais le soir dans sa chute. La ravine en bordure de laquelle je me situais retenait une ornière odorante, trempée de feuilles mortes et de fruits gâtés. Cette corbeille naturelle avait mêlé, aux senteurs des herbes macérées, la puanteur aigre de quelques letchis dévalés jusqu’à son ventre gras. Nous traversions l’heure où la lumière déclinante abat ses dorures coutumières aux frontons alentour, parfois aussi sur un morceau de tôle échappé ou sur une bretelle de lambrequins. Je savais que ma peau allait emprunter sa couleur à celle du sable pour une heure, peut-être deux, tandis qu’une peuplade de moustiques s’abreuvait écœurée d’un sang qui semblait avoir tourné comme du lait, enclos en ses propres veines.
Là, saoulée tranquillement de cet excès de vie, alanguie par la moiteur à mon tour, pareille à la plante grimpante rattrapée par un soudain instinct de mollesse, j’ai commencé à sentir l’énergie divine se déployer, familière, en moi. Une chaleur a infusé mes membres, de mes talons à ma ceinture, de ma taille à ma gorge, jusqu’à mon front enfin. J’ai accueilli et amplifié cette intuition autant que possible. À l’impression initiale de tiédeur s’est ajoutée une sensation de liquéfaction de plus en plus pressante et chargée de volupté. Comme chaque fois que je suis visitée, je me suis abandonnée volontiers à la convocation de la nature. Je sentais mon centre de gravité altérer sa pesanteur ; ma vue se troublait et se précisait successivement ; mes jambes assouplies accueillaient plus humblement le sol et, semblable à cette lumière du couchant de laquelle je partageais tout à coup la capacité de diffusion, je me sentais, vague après vague, ruisseler et m’évanouir.
Je peinais de plus en plus à situer ce buissonnement général où je me trouvais, baignée du miracle de lumière, adouci lui aussi par la tendresse de l’heure. La limite entre les éléments s’affinait jusqu’à devenir fuyante, incertaine. C’est alors que j’ai chanté, je crois, le plus beau de mes chants. Ma gorge a déroulé le ruban souple où elle gardait noués les secrets de ses épreuves, puis elle a étendu la pleine voile de sa tessiture. L’air chaud assommait la fin d’après-midi. Dans ce déploiement ralenti, ma joie entière s’est étalée, du geste d’abandon de la palme épuisée d’avoir crû trop haut. J’ai chanté avec la sérénité propre aux voix que l’espoir a désertées, comme un marin qui a fini de contempler la mer, en se reconnaissant sirène lui-même. C’était une sorte de prière, ou une chanson de confiance : je sais depuis longtemps que j’ai le don de tristesse et que la quiétude endure aussi cette liaison avec le vertige.
J’ignore comment, ce soir-là, mon chant a gagné une puissance de retentissement jusqu’alors inconnue. Le voisinage d’une amplitude nouvelle, ou une certaine modulation du vent, je ne sais, a transporté ma plainte de voix enflée plus loin que de coutume. Mon sang décelait la complicité entre les contours et les profondeurs, les plénitudes. De la façon la plus naturelle qui fût, une voix dont l’intégrité ne faisait pas de doute a joint son mystère à ma propre voix, et, dans cette réunion des ondes, peu à peu, l’évidence de la lumière nous a confondus. À mesure que notre chant gagnait en rondeur et en densité, je sentais avec plus de précision qu’un geste allait advenir. Mon corps accusait une souple impression de pesanteur, pareil à un branchage massif et chargé de fruits alourdis par la maturité. Il me semblait dans le même temps accueillir et délivrer un flot d’énergies lointaines, qu’une certaine alliance entre l’heure et l’inspiration, peut-être, était parvenue à faire saillir.
Une fois le soleil couché, ensuite, tout est arrivé très vite. Quelques visages m’étaient déjà apparus, ces dernières semaines, et je savais, pour les retrouver, qu’il me suffisait de m’approcher des abords d’un temple ou de la tenture fraîche qu’un banyan déplie avec ses lianes. Je n’étais pas la seule à arpenter la nuit et j’ai découvert que des silhouettes, de leur côté, m’avaient aussi cherchée. Nous avions sans doute accueilli le même élan ! Oui, sans doute avions-nous reçu la même visite, me disais-je. Une fois réunis, nous nous sommes mis à marcher d’un pas gai et assuré, innombrables et vainqueurs, devenus dans la rencontre une foule populeuse et sonore.
En passant, nous avons récolté quelques spécimens encore, dont le remuement s’est coulé au nôtre avec grâce. Puis, descendant de La Montagne vers le quartier du Barachois, d’autres talons ont emboîté nos pas. Nous étions une âme unie et guidée et nous marchions sur la ville comme on marche, en plein hiver, sur un tapis de braises après un long carême. Nous avions non la pierre mais l’eau pour déesse tutélaire : toute en coulures, évadée, chantante — une eau précipitée, tourbillonnante, sœur de colère des ravines les plus assoiffées. Sur l’avenue de la Victoire, un chœur a déboulonné la statue d’un ancien gouverneur des Mascareignes avec une grande harmonie. Au battement du même rythme, le monument a été charrié jusqu’à l’océan, qui l’a avalé goulûment. Il fallait croire qu’un vœu l’avait exigé. C’était dans la nuit d’hier : le divin m’avait épousée et nous avions célébré des noces historiques ●
À la mémoire de Pier Giovanni T.
Ce 25 juin 1972, à Casabianda
Il se forma au cours du règne dernier, non loin des sources d'eau claire du pays de Zilia, une malédiction du nom de Pierreporteuse. C'était un de ces villages du nord perchés dans un coin de maquis que ne parvenaient pas même à atteindre les chèvres les plus obstinées. La route caillouteuse abandonnait sa bretelle au croisement buissonneux de deux sentiers étroits dont il était sûr qu'au moins un des deux gagnât le village. Le premier offrait au promeneur d'amples bosquets de clématites que dérangeait à peine le passage des saisons. Le second alternait ses offrandes : c'étaient des dents-de-lion, une floppée de capitules jaunes qui fermentaient à l'occasion en vin de pissenlit, ou des bardanes poilues qui crochetaient les pantalons des voyageurs hardis.
Là-haut, à Pierreporteuse, on ne savait trop comment, une cinquantaine de maisons en dur avaient marié leur cambrure à un encastrement montagneux de roche sédimentaire, comme la plante parasite fertilisant sur le branchage. L'origine du peuplement était inconnue et le choix de son emplacement ô combien mystérieux. Les bêtes ne pouvaient emprunter les voies étroites donnant accès au village, ni l'eau être bue ou versée par les villageois sans avoir été charriée d'abord depuis le bas de la côte où se trouvait le puits unique, énorme de Pierreporteuse.
Deux historiens auxquels on reprocha leur peu de sérieux, Torquatus Tamassia et Ange Delatour, reconnurent dans le nom latin du village, Pietrapertosa, un serment méridional que l'on disait hérité de la botte italienne. Le village frontalier de Calenzana en connaissait aussi l'usage, qui continuait d'être pratiqué par tous les habitants, dont Monsieur le Maire : deux personnes formulaient leur promesse d'une seule voix, elles signaient une croix dans l'air avec l'index, puis elles concluaient le marché par le ricochet d'un caillou sur la terre et le serment solennel « Pietrapercosa, Pietrapertosa ».
Selon le témoignage probablement frauduleux d'Ange Delatour, il existait encore en 1963 quelques bergers dont le corse vieilli donnait pertosa pour une agglutination de l'expression per l'iosa, c'est-à-dire pour l'abondance. Ces supputations connurent un succès mitigé auprès de la nouvelle école de lexicologie corse, avant d'être tout à fait abandonnées. Le souvenir se romanisa et l'accent avec. Il faut dire qu'Ange Delatour était un historien romanesque et un linguiste non moins fantaisiste. En dressant le bilan des erreurs accumulées par l'historien-linguiste, Restitude Antonante se rendit compte qu'il avait truqué les étymologies de plusieurs variétés parlées en Basse-Corse, en considérant le seul spectre des modulations phonétiques de sa région d'origine. Ces phraséologies donnaient l'avantage à l'accent grumeleux qu'on lui connaissait, en faisant remonter son roulis de langue fréquemment moqué par les gens du sud à un souvenir du vieil italien de Gênes. C'était, de toute évidence, l'entourloupe d'un orgueil bien chauvin.
Le nom de Pierreporteuse est aujourd'hui seul retenu par la poignée d'historiens ayant souvenir de l'utopie qui s'y édifia du printemps 1931 à l'hiver 1932. Je fais partie de celles qui ont encore en mémoire l'épisode anarchiste que connut alors l'île et j'en donne aujourd'hui un témoignage inédit en apprenant la mort de mon ami très cher, l'infortuné Pier Giovanni Tosa ●
Augustine Sapienza dite l'Insurgée
je ne me rappelle plus
le début de l’étreinte
était-ce une liaison
qui nous parchemina
était-ce l’étrangleur
à lui seul attaché
les lianes du figuier à force
sur cette poitrine comprimée
ont tressé des rosaces
les oiseaux y ont déposé
des graines meurtrières
promises à la croissance
les branches elles ont ramassé
ce qu’il me restait de corps
pour y signer des nœuds
y déceler des sentes
puis l’arbre a enserré mes bras
dans un geste de maternité
tendre et mauvais
j’ai laissé une ceinture de racines
embrasser mon corps
sans résistance aucune
évanouie sous la pression
semblable à ces humeurs du vent
dont je perçois les subtilités
à présent
mon sang s’est alenti
dans le gosier de l’étrangleur
le long du buste un réseau
de veines s’est ajouté au mien
un muscle noueux à ma chair
une chamade à ma poitrine enclose
comme l’étreinte est longue
et lente la venue de la pluie
ô règne végétal
je me donne
peut-être dix ou quinze ans encore
avant de m’oublier tout à fait
sous la poussée de l’étrangleur
ensommeillée ●
sur la pleine efflorescence de ma plaie
voilà qu'est venue se reposer une main
dans le vallonnement de son signe de brasse
elle fait mine de tresser la paume d'une vanne
en alliant entre elles mille filiations de vacoa sec
chuté des palmes agonisantes
elle sait oindre un vieux secret
rapporté d'Inde selon l'archive
et qu'on badigeonna longtemps aux cornes lasses des talons
à cet onguent qu'elle gesticule
la blessure répond en bâillant
sans plus nouer les grains de son litige
la cascavelle sanguine égrène lointainement
sa docte tessiture tissée de malfaisances
quel alliage vieilli a tisané ma guérisseuse ?
peut-être un peu de feuille cannelle
pieds de cerises auxquelles on arracha le cœur
pour le marier à l'odorante citronnelle
à défaut d’orchidées ou de lianes d'olive
le sirupeux remède consiste en feuillage ordinaire
et son peu de branchage est passé au tamis
par la main de sorcière qui m'inflige breuvage
ou dite noire ou dite blanche
cette manière d'insinuation
perfuse au buste son coulis de rumeur ouatée
où s'amenuisent allègrement
d'ultimes arpèges de lucidité
j'ignore alors si la douleur se trouve
sur le point d'éclore ou de choir
boutonnée de la sorte à l'étoffe de dormition
c'est sur ce point de chute molle
que se pavane ma paupière
déjà en somme semi-ballante
gisante à l'édredon suave
couchée sur sa barbe de maïs
ainsi va
fauteuse de trouble
la main de l'amante
elle brousse et rebrousse
merveille d'ensommeillement
puis coulisse une dernière argenture
à la lèvre charnue d'une plaie
de naissance ●
Est-ce le manque d’attention trop longtemps enduré qui a rivé l’acte infini de remémoration à la recherche d’une qualité de jour, traquée avec obsession ?
La croissance du corps s’est endurcie de plusieurs points de suture, où le temps assume sa liaison douloureuse aux histoires non révolues. Dans l’une ou l’autre de ces errances journalières, il n’est pas question d’autre chose que de s’efforcer d’accueillir le miracle de lumière. Cela induit, certaines heures, la tentation de faire de l’évanouissement un geste respiratoire propre : élimination progressive de la socialité, défertilisation du féminin, ventilation des indices d’endémicité (par on ne sait quel prodige arrivée). Le désir aura fini de déserter ces régions du corps mises en échec, si ce n’est tout à fait neutralisées – floraisons inégales, infécondes, déréglées.
À l’heure actuelle, aucune des transitions germées ne semble avoir pleinement donné. L’inconsistance existentielle s’y mesure, qui, comme on engage une bataille, a choisi d’engager la défaite. Il est vrai qu’unir sa voix à d’autres voix enrichit cette expérience de misère ou d’excès, même si tout défie encore l’ourlet de parole an-archique. Tel chant d’esclave qu’on répétait enfant, à l’ombre d’un manguier, perfore tout à coup l’entendement – et l’acouphène poursuit la portion de vie restante.
Le paradoxe de la résistance à la colonie contient, sans la résoudre, la tentation chaque jour repoussée de se laisser disparaître. Miracle au moins égal à celui de la lumière ●
À l’ombre d’un pied de bois ou dans l’intimité d’une case obscure, les langues battent la mesure. On parle du pouvoir enchanteur de la musique, de l’œuvre des oiseaux allés dans les ravines, de l’âme ancienne des montagnes ou encore des traditions à faire fondre et à reforger dans une lave nouvelle...
Portraits est un projet de constitution d'archives numériques présenté dans le cadre de ma thèse de doctorat. Cette série d'entretiens a été menée en collaboration avec Margot Notari (co-réalisation et montage), grâce au soutien de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage et à l'aimable prêt de matériel de Margot Lopez.
Rencontre avec Maya Kamaty, autrice-compositrice-interprète, dans l'intimité de la salle mythique du Zinzin, à Grand Bois.
Rencontre avec Raymond Lucas, ancien président de l'APN, passionné de botanique et tisaneur de renom des Avirons.
Rencontre avec Marie-Thérèse Cazal, co-éditrice de la revue Indigo et arpenteuse attentive de l'océan Indien.
Rencontre avec Mathide Bigan et Lola Bonnecarrère, comédiennes de la Compagnie Aberash et militantes LGBTQIA+.
Rencontre avec Bernadette Ladauge, folkloriste, musicienne, danseuse et personnage haut en couleurs de l'île de la Réunion.
Rencontre avec Agnès Antoir, directrice de la revue Kanyar et œil scrutateur du paysage littéraire contemporain de l'île.
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Bio
Je suis née sur un volcan de lʼocéan Indien. Aujourdʼhui, jʼhabite la ville de Pantin, près dʼune église et dʼun canal. Jʼécris des poèmes, des fictions et toutes sortes de proses. Il mʼarrive de marcher un ou plusieurs mois par an dans les forêts de la Réunion. Le reste du temps, je suis connectée à lʼîle par la mémoire et le voisinage de mes ancêtres.
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Parcours
Jʼai fait des études de lettres dans les universités dʼAix-Marseille, dʼOttawa et de Paris. Jʼy ai appris des récits, quelques langues, la sociolinguistique et lʼhistoriographie. Ces dernières disciplines ont façonné lʼancrage de ma propre écriture dans le Tout-Monde. Je continue de me promener dans plusieurs bibliothèques de Babel grâce à une thèse de doctorat inscrite à Paris et à la Réunion. Ces travaux sont enrichis par des arpentages désordonnés dans des espaces plus ou moins confidentiels : rivières et cours dʼeau mnésiques, sous-bois lesbiens, temples de fortune... À lʼoccasion, je filme ou je photographie quelques-unes de ces excursions avec lʼidée de constituer, peu à peu, un ensemble dʼarchives secrètes de mon île natale.
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Conception graphique : Aldric Lamblin
© Tous droits réservés, 2021
Jʼai observé souvent, en me penchant au-dessus dʼune carte du monde, lʼabsence de mon île. Mon œil imitait un trajet volatile quittant la baie de Marseille et descendant lʼimmense continent jusquʼà lʼarchipel des Mascareignes. Là, cependant, alors que lʼîle Maurice figurait le plus souvent, comme tendue vers ce sous-continent indien dont jʼai tant entendu parler, je ne retrouvai pas la Réunion. Les cartes anonymes (pensai-je) perpétuaient une impression bleue, sans trace ni indice particulier du lieu de naissance. Ma famille était absente de la carte du monde, noyée quelque part dans lʼocéan, tout comme la langue que nous partagions et dont les livres dʼécole ne parlaient quʼavec dédain.
Cette expérience sʼest répétée un grand nombre de fois, dans des villes ou des pays différents. Plus tard, à lʼétranger, on me demanderait dans une école ou une auberge de jeunesse de pointer du doigt le bout de terre où je suis née et qui nʼapparaissait pas. Je montrerais un point imaginaire au sud-est de lʼAfrique.
Ce nʼétait pas pure fantaisie de ma part que de lier cette absence à lʼinclinaison des archives à ne faire voir que ce à quoi elles accordent crédit de valeur. Si la Grande Île de Madagascar ne pouvait être diminuée sur le planisphère, une certaine présence malgache, elle, avait bien été amoindrie par la non-figuration de la Réunion. Je rappelais souvent à ma mémoire l'invisible Bourbon, où le marronnage prit la forme de royaumes à la mémoire éparpillée dans les montagnes : cirque de Tsilaosa, piton dʼAnchaing, forêt du Tapcal... Le châtiment de disparition était donc décuplé : ne figuraient sur cette mappemonde choisie ni les Malgaches, ni lʼensemble des sillons africains, asiatiques et européens formant le peuple réunionnais. Lʼîle manquante absorbée par les eaux effaçait aussi quelques pans de lʼhistoire des continents.
Il est vrai cependant que cette absence marquait aussi, avec de plus en plus d'évidence, la possibilité de devenir fantôme selon le modèle des ancêtres. Si je nʼétais pas cartographiée, si les registres du monde ne marquaient pas ma naissance ni le parcours de ma généalogie, je pouvais alors assumer toute résidence dans le plus pur anonymat. En tant que non-affiliée, il m'était possible de me prévaloir dʼune sorte de virginité territoriale absolue ou, à l'inverse, d'habiter toute lande, sans nostalgie de l'arrière-pays. En vérité, mon rapport aux territoires était crypté. Le séjour terrestre sʼoffrait à moi avec une qualité d'apparition et de disparition rare. On ne connaissait pas mes ravines, ni le nom de mes pitons. Les croisées où j'abordais ne murmuraient pas leur nom aisément. Les paysages effacés avaient retourné abruptement leur silence imposé en conservatoire de secrets. Tel pic ou telle forêt délivrait une partie de son mystère par la consonance malgache. Les mémoires étaient closes comme des portes de protection. Si je voyais, parfois, un morceau de mémoire se détacher d'un tronc de jacquier ou de la racine immense d'un banyan, c'est que j'étais à mon tour esprit ubique, âme nomade. Promise peut-être à l'arpentage, me disais-je en contemplant cet océan que l'on disait des Indes ●
Hier encore, j’ai été visitée. La fin du travail m’avait rendue au monde, j’étais assise sur un banc ombragé par un grand latanier rouge et j’assistais le soir dans sa chute. La ravine en bordure de laquelle je me situais retenait une ornière odorante, trempée de feuilles mortes et de fruits gâtés. Cette corbeille naturelle avait mêlé, aux senteurs des herbes macérées, la puanteur aigre de quelques letchis dévalés jusqu’à son ventre gras. Nous traversions l’heure où la lumière déclinante abat ses dorures coutumières aux frontons alentour, parfois aussi sur un morceau de tôle échappé ou sur une bretelle de lambrequins. Je savais que ma peau allait emprunter sa couleur à celle du sable pour une heure, peut-être deux, tandis qu’une peuplade de moustiques s’abreuvait écœurée d’un sang qui semblait avoir tourné comme du lait, enclos en ses propres veines.
Là, saoulée tranquillement de cet excès de vie, alanguie par la moiteur à mon tour, pareille à la plante grimpante rattrapée par un soudain instinct de mollesse, j’ai commencé à sentir l’énergie divine se déployer, familière, en moi. Une chaleur a infusé mes membres, de mes talons à ma ceinture, de ma taille à ma gorge, jusqu’à mon front enfin. J’ai accueilli et amplifié cette intuition autant que possible. À l’impression initiale de tiédeur s’est ajoutée une sensation de liquéfaction de plus en plus pressante et chargée de volupté. Comme chaque fois que je suis visitée, je me suis abandonnée volontiers à la convocation de la nature. Je sentais mon centre de gravité altérer sa pesanteur ; ma vue se troublait et se précisait successivement ; mes jambes assouplies accueillaient plus humblement le sol et, semblable à cette lumière du couchant de laquelle je partageais tout à coup la capacité de diffusion, je me sentais, vague après vague, ruisseler et m’évanouir.
Je peinais de plus en plus à situer ce buissonnement général où je me trouvais, baignée du miracle de lumière, adouci lui aussi par la tendresse de l’heure. La limite entre les éléments s’affinait jusqu’à devenir fuyante, incertaine. C’est alors que j’ai chanté, je crois, le plus beau de mes chants. Ma gorge a déroulé le ruban souple où elle gardait noués les secrets de ses épreuves, puis elle a étendu la pleine voile de sa tessiture. L’air chaud assommait la fin d’après-midi. Dans ce déploiement ralenti, ma joie entière s’est étalée, du geste d’abandon de la palme épuisée d’avoir crû trop haut. J’ai chanté avec la sérénité propre aux voix que l’espoir a désertées, comme un marin qui a fini de contempler la mer, en se reconnaissant sirène lui-même. C’était une sorte de prière, ou une chanson de confiance : je sais depuis longtemps que j’ai le don de tristesse et que la quiétude endure aussi cette liaison avec le vertige.
J’ignore comment, ce soir-là, mon chant a gagné une puissance de retentissement jusqu’alors inconnue. Le voisinage d’une amplitude nouvelle, ou une certaine modulation du vent, je ne sais, a transporté ma plainte de voix enflée plus loin que de coutume. Mon sang décelait la complicité entre les contours et les profondeurs, les plénitudes. De la façon la plus naturelle qui fût, une voix dont l’intégrité ne faisait pas de doute a joint son mystère à ma propre voix, et, dans cette réunion des ondes, peu à peu, l’évidence de la lumière nous a confondus. À mesure que notre chant gagnait en rondeur et en densité, je sentais avec plus de précision qu’un geste allait advenir. Mon corps accusait une souple impression de pesanteur, pareil à un branchage massif et chargé de fruits alourdis par la maturité. Il me semblait dans le même temps accueillir et délivrer un flot d’énergies lointaines, qu’une certaine alliance entre l’heure et l’inspiration, peut-être, était parvenue à faire saillir.
Une fois le soleil couché, ensuite, tout est arrivé très vite. Quelques visages m’étaient déjà apparus, ces dernières semaines, et je savais, pour les retrouver, qu’il me suffisait de m’approcher des abords d’un temple ou de la tenture fraîche qu’un banyan déplie avec ses lianes. Je n’étais pas la seule à arpenter la nuit et j’ai découvert que des silhouettes, de leur côté, m’avaient aussi cherchée. Nous avions sans doute accueilli le même élan ! Oui, sans doute avions-nous reçu la même visite, me disais-je. Une fois réunis, nous nous sommes mis à marcher d’un pas gai et assuré, innombrables et vainqueurs, devenus dans la rencontre une foule populeuse et sonore.
En passant, nous avons récolté quelques spécimens encore, dont le remuement s’est coulé au nôtre avec grâce. Puis, descendant de La Montagne vers le quartier du Barachois, d’autres talons ont emboîté nos pas. Nous étions une âme unie et guidée et nous marchions sur la ville comme on marche, en plein hiver, sur un tapis de braises après un long carême. Nous avions non la pierre mais l’eau pour déesse tutélaire : toute en coulures, évadée, chantante — une eau précipitée, tourbillonnante, sœur de colère des ravines les plus assoiffées. Sur l’avenue de la Victoire, un chœur a déboulonné la statue d’un ancien gouverneur des Mascareignes avec une grande harmonie. Au battement du même rythme, le monument a été charrié jusqu’à l’océan, qui l’a avalé goulûment. Il fallait croire qu’un vœu l’avait exigé. C’était dans la nuit d’hier : le divin m’avait épousée et nous avions célébré des noces historiques ●
À la mémoire de Pier Giovanni T.
Ce 25 juin 1972, à Casabianda
Il se forma au cours du règne dernier, non loin des sources d'eau claire du pays de Zilia, une malédiction du nom de Pierreporteuse. C'était un de ces villages du nord perchés dans un coin de maquis que ne parvenaient pas même à atteindre les chèvres les plus obstinées. La route caillouteuse abandonnait sa bretelle au croisement buissonneux de deux sentiers étroits dont il était sûr qu'au moins un des deux gagnât le village. Le premier offrait au promeneur d'amples bosquets de clématites que dérangeait à peine le passage des saisons. Le second alternait ses offrandes : c'étaient des dents-de-lion, une floppée de capitules jaunes qui fermentaient à l'occasion en vin de pissenlit, ou des bardanes poilues qui crochetaient les pantalons des voyageurs hardis.
Là-haut, à Pierreporteuse, on ne savait trop comment, une cinquantaine de maisons en dur avaient marié leur cambrure à un encastrement montagneux de roche sédimentaire, comme la plante parasite fertilisant sur le branchage. L'origine du peuplement était inconnue et le choix de son emplacement ô combien mystérieux. Les bêtes ne pouvaient emprunter les voies étroites donnant accès au village, ni l'eau être bue ou versée par les villageois sans avoir été charriée d'abord depuis le bas de la côte où se trouvait le puits unique, énorme de Pierreporteuse.
Deux historiens auxquels on reprocha leur peu de sérieux, Torquatus Tamassia et Ange Delatour, reconnurent dans le nom latin du village, Pietrapertosa, un serment méridional que l'on disait hérité de la botte italienne. Le village frontalier de Calenzana en connaissait aussi l'usage, qui continuait d'être pratiqué par tous les habitants, dont Monsieur le Maire : deux personnes formulaient leur promesse d'une seule voix, elles signaient une croix dans l'air avec l'index, puis elles concluaient le marché par le ricochet d'un caillou sur la terre et le serment solennel « Pietrapercosa, Pietrapertosa ».
Selon le témoignage probablement frauduleux d'Ange Delatour, il existait encore en 1963 quelques bergers dont le corse vieilli donnait pertosa pour une agglutination de l'expression per l'iosa, c'est-à-dire pour l'abondance. Ces supputations connurent un succès mitigé auprès de la nouvelle école de lexicologie corse, avant d'être tout à fait abandonnées. Le souvenir se romanisa et l'accent avec. Il faut dire qu'Ange Delatour était un historien romanesque et un linguiste non moins fantaisiste. En dressant le bilan des erreurs accumulées par l'historien-linguiste, Restitude Antonante se rendit compte qu'il avait truqué les étymologies de plusieurs variétés parlées en Basse-Corse, en considérant le seul spectre des modulations phonétiques de sa région d'origine. Ces phraséologies donnaient l'avantage à l'accent grumeleux qu'on lui connaissait, en faisant remonter son roulis de langue fréquemment moqué par les gens du sud à un souvenir du vieil italien de Gênes. C'était, de toute évidence, l'entourloupe d'un orgueil bien chauvin.
Le nom de Pierreporteuse est aujourd'hui seul retenu par la poignée d'historiens ayant souvenir de l'utopie qui s'y édifia du printemps 1931 à l'hiver 1932. Je fais partie de celles qui ont encore en mémoire l'épisode anarchiste que connut alors l'île et j'en donne aujourd'hui un témoignage inédit en apprenant la mort de mon ami très cher, l'infortuné Pier Giovanni Tosa ●
Augustine Sapienza dite l'Insurgée
je ne me rappelle plus
le début de l’étreinte
était-ce une liaison
qui nous parchemina
était-ce l’étrangleur
à lui seul attaché
les lianes du figuier à force
sur cette poitrine comprimée
ont tressé des rosaces
les oiseaux y ont déposé
des graines meurtrières
promises à la croissance
les branches elles ont ramassé
ce qu’il me restait de corps
pour y signer des nœuds
y déceler des sentes
puis l’arbre a enserré mes bras
dans un geste de maternité
tendre et mauvais
j’ai laissé une ceinture de racines
embrasser mon corps
sans résistance aucune
évanouie sous la pression
semblable à ces humeurs du vent
dont je perçois les subtilités
à présent
mon sang s’est alenti
dans le gosier de l’étrangleur
le long du buste un réseau
de veines s’est ajouté au mien
un muscle noueux à ma chair
une chamade à ma poitrine enclose
comme l’étreinte est longue
et lente la venue de la pluie
ô règne végétal
je me donne
peut-être dix ou quinze ans encore
avant de m’oublier tout à fait
sous la poussée de l’étrangleur
ensommeillée ●
sur la pleine efflorescence de ma plaie
voilà qu'est venue se reposer une main
dans le vallonnement de son signe de brasse
elle fait mine de tresser la paume d'une vanne
en alliant entre elles mille filiations de vacoa sec
chuté des palmes agonisantes
elle sait oindre un vieux secret
rapporté d'Inde selon l'archive
et qu'on badigeonna longtemps aux cornes lasses des talons
à cet onguent qu'elle gesticule
la blessure répond en bâillant
sans plus nouer les grains de son litige
la cascavelle sanguine égrène lointainement
sa docte tessiture tissée de malfaisances
quel alliage vieilli a tisané ma guérisseuse ?
peut-être un peu de feuille cannelle
pieds de cerises auxquelles on arracha le cœur
pour le marier à l'odorante citronnelle
à défaut d’orchidées ou de lianes d'olive
le sirupeux remède consiste en feuillage ordinaire
et son peu de branchage est passé au tamis
par la main de sorcière qui m'inflige breuvage
ou dite noire ou dite blanche
cette manière d'insinuation
perfuse au buste son coulis de rumeur ouatée
où s'amenuisent allègrement
d'ultimes arpèges de lucidité
j'ignore alors si la douleur se trouve
sur le point d'éclore ou de choir
boutonnée de la sorte à l'étoffe de dormition
c'est sur ce point de chute molle
que se pavane ma paupière
déjà en somme semi-ballante
gisante à l'édredon suave
couchée sur sa barbe de maïs
ainsi va
fauteuse de trouble
la main de l'amante
elle brousse et rebrousse
merveille d'ensommeillement
puis coulisse une dernière argenture
à la lèvre charnue d'une plaie
de naissance ●
Est-ce le manque d’attention trop longtemps enduré qui a rivé l’acte infini de remémoration à la recherche d’une qualité de jour, traquée avec obsession ?
La croissance du corps s’est endurcie de plusieurs points de suture, où le temps assume sa liaison douloureuse aux histoires non révolues. Dans l’une ou l’autre de ces errances journalières, il n’est pas question d’autre chose que de s’efforcer d’accueillir le miracle de lumière. Cela induit, certaines heures, la tentation de faire de l’évanouissement un geste respiratoire propre : élimination progressive de la socialité, défertilisation du féminin, ventilation des indices d’endémicité (par on ne sait quel prodige arrivée). Le désir aura fini de déserter ces régions du corps mises en échec, si ce n’est tout à fait neutralisées – floraisons inégales, infécondes, déréglées.
À l’heure actuelle, aucune des transitions germées ne semble avoir pleinement donné. L’inconsistance existentielle s’y mesure, qui, comme on engage une bataille, a choisi d’engager la défaite. Il est vrai qu’unir sa voix à d’autres voix enrichit cette expérience de misère ou d’excès, même si tout défie encore l’ourlet de parole an-archique. Tel chant d’esclave qu’on répétait enfant, à l’ombre d’un manguier, perfore tout à coup l’entendement – et l’acouphène poursuit la portion de vie restante.
Le paradoxe de la résistance à la colonie contient, sans la résoudre, la tentation chaque jour repoussée de se laisser disparaître. Miracle au moins égal à celui de la lumière ●
À l’ombre d’un pied de bois ou dans l’intimité d’une case obscure, les langues battent la mesure. On parle du pouvoir enchanteur de la musique, de l’œuvre des oiseaux allés dans les ravines, de l’âme ancienne des montagnes ou encore des traditions à faire fondre et à reforger dans une lave nouvelle...
Portraits est un projet de constitution d'archives numériques présenté dans le cadre de ma thèse de doctorat. Cette série d'entretiens a été menée en collaboration avec Margot Notari (co-réalisation et montage), grâce au soutien de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage et à l'aimable prêt de matériel de Margot Lopez.
Rencontre avec Maya Kamaty, autrice-compositrice-interprète, dans l'intimité de la salle mythique du Zinzin, à Grand Bois.
Rencontre avec Raymond Lucas, ancien président de l'APN, passionné de botanique et tisaneur de renom des Avirons.
Rencontre avec Marie-Thérèse Cazal, co-éditrice de la revue Indigo et arpenteuse attentive de l'océan Indien.
Rencontre avec Mathide Bigan et Lola Bonnecarrère, comédiennes de la Compagnie Aberash et militantes LGBTQIA+.
Rencontre avec Bernadette Ladauge, folkloriste, musicienne, danseuse et personnage haut en couleurs de l'île de la Réunion.
Rencontre avec Agnès Antoir, directrice de la revue Kanyar et œil scrutateur du paysage littéraire contemporain de l'île.
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Bio
Je suis né·e sur un volcan de lʼocéan Indien. Aujourdʼhui, jʼhabite la ville de Marseille, près dʼune abbaye et de la mer. Jʼécris de la poésie, des fictions et du théâtre, souvent avec d'autres artistes. Il mʼarrive de marcher un ou plusieurs mois par an dans les forêts de la Réunion. Le reste du temps, je suis connecté·e à lʼîle par la mémoire et le voisinage de mes ancêtres.
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Parcours
Jʼai fait des études de lettres dans les universités dʼAix-Marseille, dʼOttawa et de Paris. Jʼy ai appris des récits, quelques langues et des éléments de sciences sociales. Ces dernières disciplines ont façonné lʼancrage de ma propre écriture dans le Tout-Monde. Mes travaux de recherche sont enrichis par des arpentages désordonnés dans des espaces plus ou moins confidentiels : rivières et cours dʼeau mnésiques, sous-bois lesbiens, temples de fortune... À lʼoccasion, je filme ou je photographie quelques-unes de ces excursions avec lʼidée de constituer, peu à peu, un ensemble dʼarchives secrètes de mon île natale.
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